samedi 2 novembre 2013

Stop Vivisection : une première victoire

ICE : un nouvel outil pour faire la loi !


Le 1er novembre 2013 sera un jour historique dans l'Union européenne (UE) : les premières initiatives citoyennes jamais déposées auront complété leur collecte de plus d'un million de signatures !

ICE (initiative citoyenne européenne), un sigle qu'il faut retenir. Instaurée en 2012, cette procédure permet aux citoyens des pays membres de l'UE de proposer des réformes législatives en collectant un million de signatures, avec des minimums imposés dans chaque pays de l'Union et la contrainte supplémentaire d'atteindre ce minimum dans au moins sept pays.

Il y a eu des abandons... Celles qui vont franchir la ligne d'arrivée sont donc le résultat d'une immense mobilisation "sur le terrain", par internet, les réseaux sociaux, les médias, etc.

Stop Vivisection sera sur le podium !

 

"Nous avons mis du temps à y croire nous-mêmes, avoue Angela Tandura, responsable de la campagne en France. Nous avons essuyé les plâtres ; au début, le système informatique ne fonctionnait pas et, de ce fait, nous avons eu moins d'une année pour collecter ce million -et plus !- de signatures. Les gens ne comprenaient pas pourquoi on leur demandait leur numéro de carte d'identité. Il nous a fallu éduquer les citoyens, leur dire que ce n'était pas une pétition mais un vote."

Une ICE, en effet, contraint la Commission européenne à examiner la proposition de loi demandée. Pour Stop Vivisection, l'arrêt de l'expérimentation sur des animaux et son remplacement par des méthodes fournissant des données pertinentes pour l'espèce humaine.

Cinq scientifiques ou médecins parmi les initiateurs de cette ICE et deux responsables d'associations de défense animale. Au 21e siècle, il est ridicule d'opposer bien-être animal et progrès médical. Il est démontré qu'aucune espèce animale n'est le modèle biologique d'une autre. Il faut que la loi reflète les connaissances scientifiques modernes au lieu d'imposer des méthodes vieilles de plus d'un demi-siècle !

"Nous sommes le porte-parole de la population européenne sur cette question, ajoute Angela Tandura. Nous attendons de la Commission européenne qu'elle respecte le dispositif qu'elle a elle-même mis en place et qu'elle examine avec sérieux cette proposition." Cela fait plus de neuf ans queLAEO soutient le comité scientifique Antidote Europe qui alerte les autorités européennes et nationales sur les graves conséquences de l'utilisation du "modèle animal" pour la santé humaine. Notre message et celui de bien d'autres associations et scientifiques européens ont été ignorés. Nous serons donc très attentifs à la suite qui sera donnée à cette ICE.

Toutes informations sur l'ICE Stop Vivisection : http://www.stopvivisection.eu

Registre des ICE en cours : http://ec.europa.eu/citizens-initiative/public/initiatives/ongoing

vendredi 1 novembre 2013

Opération corne de rhinocéros

La réserve de Thula Thula est la première réserve privée du KwaZulu-Natal (Afrique du Sud) à prendre des mesures drastiques pour sauver ses rhinocéros du braconage en pratiquant la perfusion des cornes. La veuve de Lawrence Anthony, Françoise Malby-Anthony (directrice), David Bozas (conseiller) et le Dr. Mike Toft (vétérinaire) ont pris cette décision d'un commun accord. Le 29 octobre 2013, Thabo et Nthombi, deux orphelins arrivés à Thula alors qu'ils n'avaient que quelques mois, ont été les premiers à avoir eu leur corne perfusée.

Bien qu'encore controversée, la perfusion de la corne de rhinocéros est une solution durable, rentable et efficace contre le braconnage toujours omniprésent en Afrique du Sud. 
Un composé spécial d’ectoparasiticides (sans danger pour les animaux sauvages), est infusé à travers un trou percé dans la corne grâce à un appareil à haute pression conçu par un vétérinaire de la faune sud-africaine. 
Il est ensuite absorbé par la corne entière et reste efficace pendant 7 ans, le temps nécessaire à la croissance complète de la corne. 

L’ectoparasiticide rend la corne impropre à la consommation humaine car il provoque des maladies graves, des diarrhées, des nausées et, dans les cas extrêmes, des convulsions et des troubles nerveux. 
Une teinture indélébile qui colore en bleu la corne est également insérée. 

En plus d'avertir les syndicats internationaux du crime et ceux qui utilisent des remèdes à base de corne de rhinocéros que ces dernières contiennent un produit impropre à la consommation, le colorant peut également être détecté à l'aéroport lors du passage aux rayons X, même si la corne est broyée. 
Les échantillons d'ADN transmis à une base de données et une technologie de suivi par le biais d'une puce sont également mis en oeuvre. 
De plus, des avertissements aux braconniers ont été placés tout autour de la réserve. 

Les rhinocéros de Thula Thula, Thabo et Nthombi sont sous haute surveillance. Des gardes armés les accompagnent 24h/24, 7 jours/7, pour les protéger.
Après une fusillade en 2012 où Thabo a été blessé, et suite à la perte de Heidi, la femelle rhinocéros blanche tuée par des braconniers en 2009, la nécessité d'accroître les mesures de protection est devenue une dure réalité.

Pour plus d'information sur Thula Thula et sa Fondation pour les rhinocéros ou la possibilité de gagner deux nuits à la réserve, contactez francoise@thulathula.comhttp://www.thulathula.com  - www.facebook.com/pages/Thula-Thula-Exclusive-Private-Game-Reserve/106135859547




mardi 29 octobre 2013

Proposition de loi anti-corrida

Trois sénateurs socialistes ont déposé, le 7 octobre, une proposition de loi visant à reconnaître à l'animal « le caractère d'être vivant et sensible ».
Cette proposition de loi, déposée par Roland Povinelli (Bouches-du-Rhône), Roger Madec (Paris) et Roland Courteau (Aude), vise à étendre à l'animal sauvage la nature d'« être sensible » actuellement réservée aux seuls animaux domestiques.
Dès lors, un animal sauvage dont l'espèce n'est ni chassable, ni nuisible, ni protégée ne pourrait plus être blessé, capturé, maltraité ou mis à mort en toute impunité. Une telle évolution du droit suppose une modification du code civil et du code de l\'environnement.
 
Une seconde proposition de loi, déposée le 7 octobre par Roland Povinelli et Roger Madec, vise à « punir les sévices graves envers les animaux domestiques, apprivoisés ou tenus en captivité ». L'objectif est l'interdiction des combats de coq ou des corridas. 

LAEO se réjouit  de cette première approche vers le respect de l'animal et tient à féliciter les trois sénateurs pour cette initiative soutenue par une majorité de Français.



ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
QUATORZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 23 octobre 2013.

PROPOSITION DE LOI
visant à abolir la corrida,
(Renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale
de la République, à défaut de constitution d’une commission spéciale
dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)
présentée par
M. Damien MESLOT,
député.
EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,
La sensibilité à la souffrance d’autrui ne s’arrête plus de nos jours à la souffrance humaine.
Nos contemporains, conscients de la souffrance que peut ressentir tout être sensible doué de mémoire, ont étendu aux animaux qui sont sous notre responsabilité cette protection juridique, quand il s’agit de sévices graves.
Art. 521-1 du code pénal, alinéas 1 et 2 :
« Le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.
À titre de peine complémentaire, le tribunal peut interdire la détention d’un animal, à titre définitif ou non. »
Il ne s’agit donc pas d’établir une égalité homme-animal, mais de rendre l’homme plus grand par sa volonté de prendre en compte la souffrance animale quand elle dépend de lui.
Malheureusement, l’alinéa 3 de cet article (les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Elles ne sont pas non plus applicables aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie) vide de son sens les principes consignés dans les 2 premiers puisqu’il tolère une exception à cette protection élémentaire et autorise « ces sévices graves quand une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ».
Comment le législateur peut-il à la fois condamner des actes considérés comme contraire à l’éthique et s’incliner devant le poids d’une tradition en légalisant, en son nom, la brutalité, la torture et la mort infligées à des taureaux ou à des coqs, puisqu’il s’agit précisément des spectacles de leur combat ?
Souffrance animale : Nul n’ignore plus que la souffrance physique est toujours la souffrance, quel que soit l’être sur qui elle se porte.
Les taureaux programmés pour les corridas subissent aussi une préparation au combat (hors de la vue du public) ; il s’agit de diminuer les facultés physiques du taureau pour l’handicaper dans le combat qui l’opposera au torero, tout en exacerbant sa nervosité pour susciter une agressivité qu’il n’aurait pas naturellement.
Les taureaux subissent souvent une mutilation à vif des cornes. L’ablation porte sur la matière innervée qui est ensuite repoussée vers la racine… On imagine le supplice auquel est soumis l’animal.
Dans l’arène, les traitements que subissent les taureaux scandalisent de plus en plus l’opinion publique. Le picador enfonce une lance aux arêtes extrêmement affûtées jusqu’à 14 voire 20 cm, pour affaiblir l’animal et le contraindre à abaisser la tête et, malgré l’interdiction, vrille et fouille la plaie afin de cisailler le ligament de la nuque.
Puis, le torero plante dans la chair de l’animal six banderilles munies de harpons en acier coupant de 6 cm de long, afin de provoquer des hémorragies externes. Vient enfin le « coup de grâce » à l’aide d’un poignard (puntilla) pour sectionner le bulbe rachidien. Il est extrêmement rare que le premier coup porté au taureau lui soit fatal, aussi le matador est-il obligé de s’y reprendre à plusieurs fois.
Il s’agit de tortures infligées sciemment à un animal à l’arme blanche, jusqu’à ce que la mort mette fin à cette attraction dédiée au plaisir de voir souffrir et mourir.
Comment peut-on, en conscience, tolérer qu’au début du XXIe siècle l’on puisse, pour le plaisir d’un divertissement, faire souffrir et tuer un animal ? À une époque où le souci de prendre en compte cette souffrance est un moteur du changement de nos pratiques.
C’est la raison pour laquelle les législations internationales interdisent progressivement les pratiques violentes envers les animaux.
La Grande-Bretagne vient d’abolir la chasse à courre.
Le Tadjikistan interdisait, il y a quelques mois, les combats de coqs qui « portent atteintes au développement moral des jeunes qui feront preuve de cruauté plus tard envers les animaux ».
C’est également pour des raisons éthiques qu’en Espagne, 14 villes de Catalogne se sont déclarées villes anti-corrida, à commencer par Barcelone « pour non-respect de la législation sur la protection de l’enfance ».
Éducation de l’enfant : En encourageant des cruautés exercées en public, on pervertit l’éthique à transmettre à nos jeunes.
Amener un enfant à un spectacle qui accoutume à la souffrance, à la vue du sang, exalte ses passions nocives en les couvrant d’apparats. Le masque de la beauté, beauté revendiquée par les aficionados, ne saurait occulter la cruauté. N’est-ce pas une perversion de l’éducation artistique que de la déconnecter de l’esprit de compassion ? N’est-ce pas une perversion du mythe de l’héroïsme que d’inciter les jeunes « à se jouer de la vie » ?
Sur le plan pédagogique, la corrida fait perdre tout repère à l’enfant. Comment peut-il comprendre qu’il est autorisé, voire splendide, de planter des harpons sur le dos d’un taureau mais qu’en revanche il est interdit, voire affreux, de le faire sur le dos d’un cheval ?
L’absence de repères est à son comble lorsque l’enfant suit une initiation dès l’âge de 7 ans. Dans les écoles de tauromachie, l’apprentissage à la cruauté s’exerce parallèlement à des exercices pratiques sur des veaux et des vachettes : est-ce vraiment le meilleur moyen d’enseigner aux enfants l’amour des animaux ?
Une tradition ancienne doit-elle transgresser l’éthique et les valeurs humanistes actuelles que l’on doit inculquer à nos enfants ?
La cause animale, même si elle n’est pas une priorité par rapport aux souffrances humaines, est une cause qui dépend de la volonté humaine. Encore une fois, l’on ne s’attend pas à ce que les droits humains soient étendus aux animaux. Nous attendons des représentants de la Nation et des pouvoirs publics ce geste symbolique dans le sens de la compassion. Nous formulons l’espoir que les pseudo-raisons économiques, les traditions culturelles d’un autre âge ne puissent s’opposer victorieusement à la sensibilité de l’homme du XXIe siècle.
La légitimité de la France à soutenir dans le monde des combats en faveur de la cause animale perd toute crédibilité si elle n’applique pas chez elle les principes qu’elle défend ailleurs.
Aussi, j’ai souhaité déposer cette proposition de loi afin d’interdire la torture des animaux, notamment lors de corrida ou lors de toute manifestation culturelle impliquant des sévices faits aux animaux.

lundi 20 mai 2013

Opération crapauduc

Opération de sauvetage des amphibiens 2013
Forêt Domaniale de Retz (étang de la Grande Ramée) 
Cliquer ici pour lire l'article paru dans l'Union le 25 mai : 
Fleury, les résultats d'une action de protection des amphibiens dans l'Union.

Problématique
Pour la sixième année consécutive, une action de sauvegarde des amphibiens sur le site des étangs de la Ramée a été organisée au printemps de l’année 2013. Elle vise à protéger du trafic routier, particulièrement meurtrier pour certaines espèces, les voies empruntées par les animaux lors de leur migration vers leur site de reproduction. Elle s’accompagne parallèlement d’un recensement qualitatif et quantitatif du peuplement batrachologique.


Objectif 1 : SAUVEGARDE DES POPULATIONS
Action de sauvegarde des populations d’amphibiens lors de leur migration prénuptiale, par installation d’une barrière temporaire d’interception et un ramassage quotidien des individus migrants vers les sites de reproduction en 3 phases : 1) Installation d’un dispositif provisoire (depuis 2008) et acquisition de données sur les zones de passage 2) Evaluation de la faisabilité technique et financière d’un dispositif permanent, étude en 2013 de la mise en place d’un dispositif permanent par le Département de l’Aisne dans le cadre des mesures compensatoires « biodiversité » liées à l’aménagement en 2x2 voies de la RN2, esquisse projet installation crapauduc (source CG60) 3) Aménagement du dispositif le plus adéquat en fonction des conclusions des deux premières phases

Objectif 2 : SENSIBILISER LES DIFFÉRENTS PUBLICS A LA NÉCESSITÉ DE PROTÉGER LA BIODIVERSITÉ ET DE RESPECTER LES ÉCOSYSTÈMES par l’invitation à découvrir leurs habitants (triton palmé, triton alpestre, crapaud commun, grenouille verte, grenouille rousse, grenouille agile, salamandre tachetée) lors du ramassage matinal, le cycle de vie de ces amphibiens et les écosystèmes des zones humides (mares, tourbières, cours d’eau) lors de sortie nature ou auprès des scolaires et les menaces qui pèsent sur ces espèces et sur leur milieu de vie


 Une opération mobilisatrice
3 associations se sont jointes à l'Opération : Loisirs Culture et Gastronomie, le Conservatoire d'espaces naturels de Picardie, A.FO.Retz et LAEO France.
Le dispositif a été mis en place, le 04 Mars 2013, par l’équipe technique de l’ONF et n’a été démonté que le 03 Mai 2013. Un suivi quotidien… et matinal pendant 2 mois
Tous les matins vers 9 h, les seaux devaient être inspectés, les animaux capturés identifiés, comptés puis relâchés de l'autre côté de la route (coté étangs), vers leur site de reproduction.
Une fiche de suivi de terrain (cf. Annexe 1) a été établie pour le ramassage quotidien et chaque bénévole responsable du ramassage (cf. Annexe 2) était chargé de remplir le tableau de résultat accessible sur internet (cf. Annexe 3). Grâce aux bénévoles, venant des associations locales ou à titre privé, au
Département de l’Aisne et à l’Office National des Forêts, ce sont plus de 39 000 individus qui ont bénéficié de cette opération depuis 2008.

Dispositif
Installation de barrières pièges provisoires afin que les individus, avant de traverser la route, soient bloqués par des barrières amovibles et conduits par des dispositifs adaptés jusqu'à des seaux dans lesquels ils tombent. Les seaux sont relevés quotidiennement, et les amphibiens sont relâchés de l'autre côté de la route, en direction de leur site de reproduction.
Cette technique présente des avantages certains : facilité de mise en œuvre et efficacité, puisque les amphibiens, piégés, ne peuvent rebrousser chemin · Elles permettent de compter, jour après jour, les amphibiens qui tentent de traverser la route. Cela constitue un excellent outil de suivi des populations
En revanche, la gestion des barrières pièges nécessite une main d’œuvre quotidienne... et motivée !
Le matériel pour l'installation de 100 mètres de barrière est composé de gilets de signalisation fluo, 100 m de bâche d’une hauteur de plus de 50 cm de hauteur, 100 piquets, 10 seaux de plus de 40 cm de profondeur et de panneaux d'information à agrafer sur la barrière avec les coordonnées de l'association responsable.

Les principaux résultats de cette année :
La migration des amphibiens s’est déroulée en quatre vagues successives, dont une principale. Un premier mouvement a été enregistré dès le 8 mars, il s’est prolongé jusqu’au 10 mars. Toutes espèces confondues 293 animaux ont été comptés (5% des effectifs sur toute la durée). Un deuxième mouvement a été enregistré entre le 18 et 20 mars (comptage de 198 amphibiens = 3 % des effectifs sur toute la période mais 76 % des effectifs totaux de grenouille agile). Puis à la suite d’un épisode de froid d’une vingtaine de jours consécutifs, le passage s’est interrompu pour ne reprendre que du 9 au 18 avril (comptage de 5 541 individus = 91% des effectifs sur toute la période). Début mai, après une nouvelle période pluvieuse, une soixantaine de crapauds ont été récoltés.

Remerciements à tous les bénévoles, en particulier à Noelle (présidente de LAEO), André (président de LC&G), Danielle (correspondante d'Esprit de Picardie), Brigitte (Conservatoire des sites naturels) ainsi qu'aux membres d'A.Fo.Retz (Rodolphe et Jacques), à Pascal (photographe), Lysian et Jonathan (ONF) pour les sorties scolaires. Merci à l’UP Travaux pour l’installation et le démontage du  dispositif et au Département de l’Aisne, partenaire financier dans le cadre de sa politique sur les espaces naturels sensibles.

Contact
Jérôme JAMINON, responsable du SEDD
Paul JANIN , chef de projet Environnement
Morgane COKKINOS , chef de projet accueil et paysage (coordination de l’opération et rédaction du compte rendu)

Service Environnement et Développement Durable ONF- Agence de Picardie

lundi 13 mai 2013

Droits des animaux

La condition animale, un enjeu sociétal
et une révolution en marche

L'agro-business a réagi. 
Pour protéger son économie et anticiper les scandales qui ces dernières années touchent à la fois la condition animale et la santé publique, le lobby s'est organisé afin de proposer et faire adopter des lois dans une douzaine d'Etats américains. Objectif: criminaliser les dénonciations en images de la cruauté envers les animaux dans les élevages et les abattoirs.
Les pratiques illégales de ces firmes vont donc pouvoir se perpétuer à l'abri des regards avec le soutien des pouvoirs publics. Pas vu pas pris. Améliorer les conditions de vie des animaux a toujours eu un coût pour les industries qui les exploitent, quels qu'elles soient. Chaque nouvelle loi en faveur des animaux est pour elles une contrainte et une menace pour leurs intérêts financiers.
Voilà donc la dernière parade. Elle ne tiendra pas longtemps et pour cause: la question animale est devenue un défi sociétal, elle ne cesse de prendre de l'ampleur. Qu'on le veuille ou non, c'est un fait. Quand bien même le discours consensuel consiste à répéter qu'il s'agit d'une cause fantoche, d'un excès de sensiblerie, qu'il y a d'autres priorités et que les animaux sont là pour nous servir, la condition animale nous interpelle de plus en plus.
Or ce n'est pas tourner le dos à l'homme que de s'en soucier, bien au contraire.
Voilà quelques années encore, il était courant d'entendre dire que porter intérêt aux bêtes était le symptôme d'une civilisation en crise. C'était l'époque où utiliser un certain langage était proscrit. Par exemple, à l'"intelligence" animale, on préférait le terme de "cognition". Accorder des émotions aux bêtes était une aberration, s'intéresser à la conscience animale une pathologie.
Or le vent a tourné. Les animaux ont changé, ils ne sont plus ces "machines" à produire, ces "outils" jetables, ces "nuisibles" à éradiquer. A la lumière de l'éthologie, nous avons découvert qu'ils sont, à des degrés divers, doués de comportements complexes. Ils se révèlent capables de souffrir, de fabriquer des outils, de faire preuve d'humour, de dissimulation, de folie, de colère, d'amitié et de sens moral. En définitive, ils possèdent bon nombre de ces caractéristiques qui auront, pendant longtemps, défini le fameux propre de l'homme.
A tel point que les chercheurs proposent aujourd'hui une véritable réflexion sur l'altérité, l'individualité et la "personne animale". En modifiant les représentations que nous avions des animaux, la science nous invite à prendre en compte leurs intérêts, à redéfinir nos rapports avec eux et de fait à nous interroger sur nos obligations à leur égard.
Une réalité qui, forcément, nous oblige à remettre en question nos comportements: si les animaux ne sont donc plus ces outils à notre service, que devient notre légitimité à les exploiter, à les mépriser? A présent qu'ils nous ressemblent tant, comment justifier leur infériorité -qui facilite l'exploitation- et toutes les souffrances que nous leur faisons subir? Le temps n'est-il pas venu, dans cette société qui revendique des droits pour tout (et tous), de leur en accorder?
Après tout, ce questionnement s'inscrit dans une continuité logique, celle des grands mouvements de libération des opprimés. Une préoccupation millénaire. On oublie en effet trop souvent que la considération à apporter aux animaux est née aux mêmes sources des droits humains.
De l'antiquité jusqu'au 19e siècle, les plus grands défenseurs des hommes ont eu à cœur de soutenir la condition animale au nom de la justice et de la dignité humaine. Peut-on attribuer des droits à des animaux alors que partout, ceux des humains sont si peu respectés? On ne posait pas le problème ainsi. 
Portée par des humanistes, la condition animale était une vraie question politique, elle l'est encore.
Il n'y a pas de contradiction entre la justice sociale et le soutien de la cause animale. Mais les responsables politiques d'aujourd'hui préfèrent l'ignorer et se ranger du côté des intérêts des filières, corporations et lobbies plutôt qu'être à l'écoute des revendications et des révolutions de la société, de la diversité des réflexions et des approches autour de ces questions qui méritent d'être débattues.
Ils ne se rendent pas compte que l'étude du statut moral des animaux (l'éthique animale) qui conduit à nos responsabilités les concernant s'est développée dans les pays anglo-saxons depuis plus de 40 ans, qu'elle est désormais enseignée dans les universités aux quatre coins de la planète (sauf en France), que la jeunesse, née avec l'écologie et ce constat d'un destin lié avec une nature fragilisée, intègre spontanément ces problématiques et orientera les lois et la société de demain.
Nos responsables politiques négligent à tort cette question animale, ses enjeux et son impact à venir sur nos modes de vie, de consommation, sur l'économie, la recherche scientifique, l'enseignement, le droit, etc. A l'heure où nos sociétés industrielles ont opéré une rupture avec la nature et où partout, les animaux et les hommes en paient le prix, cette question animale constitue un enjeu éthique et politique majeur. L'ignorer est une erreur.
Si certains pays européens ont reconnu une dignité intrinsèque à l'animal, ont inscrit leur protection dans leur Constitution, renforcé les réglementations, sanctionné l'élevage intensif et la sur pêche, contribué au développement des méthodes alternatives à l'expérimentation animale, la France, une fois encore, s'est distinguée par son retard, son ignorance et son refus obstiné de réfléchir à la création d'un secrétariat d'Etat à la condition animale.
Pour l'heure, la question animale est enterrée dans un bureau dépendant du ministère de l'Agriculture et de la direction générale de l'alimentation. Conséquences: l'amélioration du sort des animaux comme la complexité et la variété des liens qui les unissent aux hommes n'est pas un sujet prioritaire alors qu'elle devrait être un devoir.

Soumis à une évaluation marchande, telle est encore la catégorie sous laquelle sont tenus les animaux en France comme dans d'autres pays. Une qualification dépassée due avant tout à la dualité entre droit civil et droit pénal, le premier assimilant encore l'animal à un bien meuble ou immeuble, contrairement au second qui évolue en prise directe avec l'évolution et les demandes de la société sous l'impulsion de la science et de la protection animale. C'est cette qualification qui doit être repensée aujourd'hui.
Ils n'ont pas de devoirs, certes mais faut-il pour autant les considérer comme des "choses"? Ne peut-on pas faire en sorte qu'ils soient protégés de la même façon que les enfants lesquels ne sont pas responsables de leurs actions mais n'en sont pas moins dotés de droits? En quels termes, dans quelles limites, pour quelles espèces? Autant de questions qu'il convient de mettre en débat à la fois en politique et aussi en philosophie puisque Kant inspire encore aujourd'hui le droit avec cette affirmation que les animaux ne possédant pas la capacité de réclamer quoi que ce soit faute de raison, il ne saurait être question de leur accorder des droits.
Allons-nous d'ailleurs enseigner encore longtemps dans les lycées et les universités que les animaux sont dénués de pensée et de langage en se basant uniquement sur les concepts abstraits et obsolètes de penseurs du passé sans nuancer avec les réalités scientifiques d'aujourd'hui? N'est-il pas nécessaire d'enseigner la nature et les animaux autrement dès l'école, apprendre aux enfants que la première n'est pas corvéable à souhait et que les seconds ne sont pas des marchandises?
Se soucier des bêtes sans oublier les hommes. Il serait de toute manière difficile de faire autrement tant nos vies sont intimement liées depuis les origines. Il y a longtemps que les animaux ont façonné la condition humaine et ce n'est pas en ignorant la souffrance animale qu'on soulage celle des hommes. En témoigne le calvaire actuel des éleveurs contraints à un modèle de développement basé sur la productivité, celui des petits paysans expropriés par les grandes firmes agro-industrielles ou encore ces études qui révèlent que la violence sur les animaux dans les foyers cache presque toujours une violence intra-familiale, que la cruauté sadique perpétrée sur les animaux dans l'enfance conduit à des parcours de criminels violents...
Comment vivre avec eux? Le temps est venu d'écrire la suite de l'histoire entre les hommes et les animaux et de remettre la question en débat. Le respect envers les bêtes ne retire pas des droits aux hommes mais, en élargissant notre morale, il est clair qu'il nous engage à devenir plus humain.

Posté avec l'aimable autorisation de Karin Lou Matignon
http://www.huffingtonpost.fr/karine-lou-matignon/droits-des-animaux_b_3184432.html