dimanche 23 février 2025

Déclaration européenne des droits de l'animal

 

La Déclaration Européenne des Droits de l'Animal (DEDA) officiellement proclamée le 17 février est une avancée décisive pour sensibiliser à une meilleure prise en compte du bien-être animal. LAEO France, aux côtés de 85 autres organisations et 325 personnalités signataires, est fier de lui apporter son soutien.

La DEDA, qu'est-ce que c'est ?

La protection des animaux franchit une étape décisive avec le lancement officiel de la Déclaration Européenne des Droits de l’Animal (DEDA), rédigée par un collectif de 9 chercheurs en droits animaliers coordonnée par le professeur de droit et spécialiste du droit animalier, Jean-Pierre Marguénaud, et portée par un large collectif d’associations, de personnalités engagées et de fondations influentes, cette déclaration vise à poser les bases d’une reconnaissance effective des droits des animaux à l’échelle européenne.
Parmi les signataires de premier plan figurent des personnalités engagées telles que Karine Ferri, Cécile de France, Sandrine Arcizet, Yoann Latouche, Stéphanie Fugain et Matthieu Ricard, ainsi que des experts du droit et de la protection animale Marie-Angèle Hermitte et Allain Bougrain-Dubourg.
De grandes organisations soutiennent également cette initiative, notamment la Fondation 30 Millions d’Amis, la Fondation Brigitte Bardot, L214, One Voice et le Parti Animaliste.

Un consensus sociétal fort, confirmé par les sondages 

Selon une enquête Eurobaromètre de 2023, la protection animale est une préoccupation majeure en Europe. 91 % des citoyens de l’Union européenne jugent important de protéger le bien-être des animaux d’élevage, et 74 % estiment que les animaux de compagnie devraient bénéficier d’une meilleure protection.
En France, cette sensibilité est encore plus marquée, avec 96 % des Français favorables à une meilleure protection des animaux d’élevage.
Une étude Ipsos Santé Vet de 2025 souligne également l’attachement des Français à leurs animaux. 69 % les considèrent comme des membres de la famille, tandis que plus d’un quart des propriétaires estiment que leur foyer ne serait pas complet sans leur présence.
« Il s’agit d’aider à rendre solide et applicable ce que les sondages d’opinion livrent à l’état nébuleux ou gazeux », explique Jean-Pierre Marguénaud.

Une déclaration pensée pour influencer les décisions de justice 

Contrairement aux idées reçues, cette déclaration n’a pas vocation à devenir une loi en tant que telle, ni une convention européenne signée par les États. Elle se veut un outil de référence permettant d’orienter les décisions judiciaires et les initiatives parlementaires en matière de protection animale.

DEUX PRINCIPES FONDAMENTAUX STRUCTURENT CETTE DÉCLARATION :

1) L’effectivité : donner aux animaux une reconnaissance juridique en envisageant, par exemple, une forme de personnalité juridique ou la création d’un Défenseur des Animaux.

2) L’intégration des animaux dans le cadre des droits fondamentaux : la convention Européenne des Droits de l’Homme stipule dans ses articles 3 et 4 que « nul ne peut être soumis à la torture, ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants » et que « nul ne peut être tenu en esclavage ni en servitude ».
L’objectif de la DEDA est de faire reconnaître que les animaux doivent être inclus dans cette définition du mot « nul ».

Une mobilisation d’ampleur européenne

Avec le soutien de 89 associations et fondations, dont plusieurs organisations espagnoles, belges et suisses, la DEDA montre qu’un consensus existe à l’échelle européenne en faveur de la reconnaissance des droits des animaux.
Le 17 février marque une étape décisive avec une proclamation officielle de la Déclaration Européenne des Droits de l’Animal dans plusieurs grandes villes françaises, dont Brest, Brive-la-Gaillarde, Strasbourg, Annecy et Toulouse. Cette initiative devrait, à terme, être portée devant le Parlement Européen, un engagement officiellement obtenu par Jean-Pierre Marguénaud, garantissant ainsi une reconnaissance institutionnelle et une visibilité accrue à cette démarche.

Une avancée juridique face aux résistances historiques

L’adoption de nouveaux droits pour les animaux se heurte à des obstacles historiques et culturels. La soumission des animaux aux besoins humains (divertissement, alimentation, exploitation) est ancrée depuis des siècles.
À cela s’ajoutent des lobbies productivistes, scientifiques et cynégétiques qui freinent les avancées juridiques.
Pour Jean-Pierre Marguénaud, la reconnaissance des droits des animaux n’est pas une utopie, mais une nécessité : «Le plus gros progrès que j’espère pour les prochaines années serait qu’on reconnaisse effectivement des droits à certains animaux, car pour le moment, ils n’en ont pas ! ».


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dimanche 2 février 2025

L'extinction des rhinocéros : une fatalité ?

Crédit photo Noëlle Saugout
Avec un corps puissant, une peau épaisse et une vitesse de près de 50 km/heure, le rhinocéros ne craint pas les prédateurs. En revanche, il est tué pour sa corne, transformée en objets d'art, ou utilisée par les Chinois et les Vietnamiens pour ses soi-disant vertus médicinales.

Cet appendice est également perçu comme un symbole de statut social élevé, de richesse ou bien comme un investissement, car il prendrait beaucoup de valeur si l’espèce s’éteignait. Voilà pourquoi les rhinocéros, apparus depuis 55 millions d’années, sont à présent en danger d’extinction.
Au cours du XIXe siècle, on trouvait plusieurs centaines de milliers de rhinocéros noirs en Afrique. Chassés en grand nombre, ils n’étaient plus que de 65 000 au début des années 1970. 
 
 Fin 2022, le nombre de rhinocéros recensés était de :
- 15 942
pour les rhinocéros blancs ;
-
6 195 pour les rhinocéros noirs ;
- 4 014
pour les rhinocéros à une corne ;
- 34 à 47
pour les rhinocéros de Sumatra ;
- 76
pour les rhinocéros de Java ;

 


Lutte contre le braconnage

Ces chiffres en constant déclin indiquent que des mesures doivent être prises de toute urgence pour sauver ces animaux emblématiques. Or, depuis 2008, le nombre de rhinocéros braconnés est en constante augmentation, passant de 15 par an entre 1990 et 2007, pour atteindre le chiffre record de 1 349 en 2015. 
 
Pourquoi une telle escalade ?
Les organisations criminelles utilisent des stratégies de marketing pour augmenter les prix de la corne. Il y a une quinzaine d’années par exemple, une rumeur a circulé selon laquelle un haut fonctionnaire du gouvernement vietnamien aurait été guéri d'un cancer après avoir utilisé de la corne de rhinocéros en guise de médicament.
Bien que cette histoire n'ait jamais été confirmée, la demande a explosé et le prix sur le marché noir peut varier entre 20 000 et 60 000 $ le kilo, soit jusqu’à 300 000 $ la corne.
 
La criminalité liée aux espèces sauvages n’est pas l’apanage d’un seul pays. C’est la raison pour laquelle une approche internationale est nécessaire, d’autant plus que le commerce illégal de la corne de rhinocéros finance les armes de guerre des terroristes.
C’est pourquoi le braconnage des rhinocéros a été classé « crime prioritaire » par les États-Unis et l’Afrique du Sud, accroissant ainsi son importance dans le système juridique.
 
Le braconnage nuit également au tourisme durable car la disparition de ces animaux emblématiques réduit l’attractivité des parcs naturels et des réserves, une source de revenus essentielle pour de nombreux pays.
On compte jusqu’à six cas de braconnage par jour dans le parc national Kruger, le plus grand parc national d'Afrique du Sud. Des chasseurs y pénètrent illégalement et attendent la nuit pour partir à la recherche des rhinocéros.

Les efforts de lutte contre le braconnage s’étant renforcés, les chasseurs ont tendance à changer fréquemment de stratégie pour dérouter les rangers. Les autorités ont à présent recours à diverses méthodes de protection telles que :
Un décornage préventif et la pose d’un émetteur dans la souche de la corne pour suivre ses déplacements (mesures recommandées par l’Union internationale pour la conservation de la nature)


– Des patrouilles en hélicoptère et des réseaux d'informateurs.
– Des brigades cynophiles équipées de chiens de patrouille, de chiens de piste et de chiens de meute pour poursuivre les braconniers.
– Des bases de données ADN pour assigner en justice et faire condamner les braconniers.
– Des campagnes pour réduire la demande dans les principaux pays consommateurs.
Les organisations criminelles exploitent les plus défavorisés qui vivent autour des réserves animalières et les utilisent souvent pour la partie la plus dangereuse du braconnage. Malgré le risque d’être abattus ou arrêtés, ils ne perçoivent que 10 % du prix de vente de la corne.
Le taux de condamnation des braconniers n’étant que de 30%, des efforts considérables sont déployés pour améliorer le système juridique. Les scènes de crime sont à présent préservées afin d’y trouver des indices et que justice soit rendue.


Faut-il légaliser le commerce des cornes ?
Les défenseurs de la nature sont parfois soumis à d’énormes pressions pour résoudre rapidement des problèmes majeurs, et les solutions prises à la va-vite peuvent avoir des conséquences désastreuses.
Au sein même des associations de protection de la faune sauvage, les avis sont partagés : certains souhaitent légaliser la vente de cornes sur les marchés de l’Est, estimant que le commerce légal ferait chuter les prix et mettrait fin au braconnage. D’autres ont la certitude que ces ventes légales relanceraient la consommation et que, comme ce fut le cas pour sauver les éléphants, des marchés parallèles se développeraient.
En examinant le pour et le contre, on peut constater que la légalisation du commerce pourrait avoir les avantages suivants :
- L'argent récolté grâce aux ventes pourrait être réinvesti dans les efforts de lutte contre le braconnage ;
- La demande, satisfaite par des ventes légales, permettrait de contrôler l'activité ;
- L’offre pourrait inonder le marché et démotiver les braconniers.
Cependant, la légalisation de la vente de cornes de rhinocéros soulève de nombreuses inquiétudes :
- Le marché peut-il vraiment être contrôlé ?
- L’étendue de ce marché est-elle correctement évaluée ?
- Existe-t-il suffisamment d’études scientifiques solides et impartiales pour prouver son efficacité ?
- La Chine, le Vietnam et l’Afrique du Sud, étant des pays très mal classés sur l'indice de perception de la corruption (IPC), peut-on leur faire confiance pour gérer un commerce visant à réduire le braconnage ?
 
Il semble en effet peu probable que les organisations criminelles, spécialisées dans le commerce illégal d’espèces sauvages, d’êtres humains, d’armes et de stupéfiants abandonnent soudainement un commerce aussi lucratif. 
Et quelles seraient les conséquences de cette législation ?
Si l’argent, issus du commerce légal, était réinvesti dans les communautés locales et dans les efforts de conservation, cela pourrait contribuer à améliorer la situation. Cependant, comme ce tarif n’est payé qu’en fin de parcours, lors de la vente, le bénéfice serait minime après la déduction des frais (producteur, transport, douane, etc.).
Lorsqu’une stratégie similaire a été tentée en 2008, par le biais de la vente légale de 102 tonnes d’ivoire d’éléphant, elle a eu l’effet inverse de celui escompté en produisant une augmentation massive du braconnage des éléphants (30 000 par an). Sachant qu’il est impossible de distinguer l’ivoire illégal de l’ivoire légal, les organisations criminelles en ont profité pour écouler leur stock. Pourquoi le commerce de cornes de rhinocéros fonctionnerait-il différemment ?
Si 5 % du marché chinois n’utilisaient que 5 grammes de corne de rhinocéros par personne et par an, il faudrait obtenir 461 tonnes de corne de rhinocéros par an pour répondre à la demande. Or, même en prélevant 60 % des cornes de rhinocéros disponibles en Afrique du Sud, cela ne donnerait qu’une quarantaine de tonnes tous les deux ans. Cela pourrait au contraire accroître la demande, offrir des opportunités de blanchiment d'argent et compliquer la tâche des forces de l'ordre à distinguer les sources légales des sources illégales. Il n’en reste pas moins que les consommateurs qui s’en procurent sont floués car la corne est principalement composée de kératine, comme nos cheveux et nos ongles, sans aucune vertu médicinale.
 
Réduction de la demande
La réduction de la demande de cornes de rhinocéros passe par des campagnes de changement comportemental des consommateurs. L’association WildAid, spécialisée dans ce domaine, a signalé une réduction de 60 % de la consommation de soupe d’ailerons de requin, grâce à leur campagne pour l’interdire dans les événements officiels.

Avec une certaine volonté politique, il est possible de modifier des coutumes ancestrales profondément ancrées. Cette sensibilisation est une solution à long terme, mais essentielle dans la protection des rhinocéros car, sans demande, pas de braconnage.

Et si les gouvernements africains exercent une pression économique sur les Chinois, ces derniers cesseront peut-être de décimer la faune sauvage et plus spécifiquement, les rhinocéros.

Les solutions d’Écologie coopérative
Lawrence Anthony à Thula Thula (2010)
« Nous sommes tous responsables de notre famille, de nos amis et de notre travail, mais l'existence ne se résume pas qu’à cela. 
Nous devons remettre la nature au centre de notre vie et comprendre que cela n’est pas un idéal noble, mais un élément essentiel à notre subsistance.  »
Dr Lawrence Anthony, fondateur de LAEO. 
 
 
 Consciemment ou non, tout organisme vivant essaie de survivre, quelle que soit l’espèce. Comme personne ne peut y parvenir seul, il est de notre devoir de protéger la planète si nous voulons assurer notre propre survie.
Il s’agit là d’un phénomène naturel : si les animaux, les plantes et tout ce qui nous entoure sont en bonne santé, nous ne nous en porterons que mieux. Par conséquent, lorsqu’un impact affecte notre environnement, il est important de comprendre la situation avant d’agir. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons sensibiliser à l'un des problèmes majeurs auquel nous sommes confrontés : le déclin de la faune sauvage, et notamment des rhinocéros.
Il existe de nombreuses façons d’enrayer ce fléau. Au-delà des lois pour empêcher le trafic d’espèces sauvages, nous pouvons adopter certains gestes qui contribuent à la protection de la biodiversité tels que :
Informer son entourage et sensibiliser les enfants sur les conséquences du braconnage ;
Proscrire l’achat d’objets issus de la corne de rhinocéros ou de toute espèce menacée ;
Soutenir toute association œuvrant pour la protection de la faune sauvage ;
Devenir ambassadeur d’Écologie Coopérative (infos ici).

L'ambassadeur d’Écologie coopérative
Un ambassadeur est une personne qui donne le bon exemple en appliquant les principes d’Écologie coopérative dans sa propre vie et qui explique ce concept aux autres en les encourageant à les appliquer. Le meilleur moyen de faire comprendre une idée est de donner soi-même le bon exemple.
En devenant ambassadeur d’Écologie coopérative, vous rejoignez une équipe gagnante qui œuvre pour la sauvegarde de l’environnement et pour un avenir durable.
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