mercredi 31 juillet 2019

L'homme qui murmurait à l'oreille des éléphants

Lorsque l’on demanda à Lawrence Anthony, grand défenseur de la nature, de recueillir un troupeau d’éléphants sauvages et traumatisés dans sa réserve de Thula Thula en Afrique du Sud, son bon sens l'incita tout d'abord à refuser.

Quand il sut que les éléphants seraient abattus s'il ne changeait pas d'avis, il décida finalement de les sauver.
Au cours des années qui suivirent, Lawrence Anthony devint petit à petit un membre de leur famille, créant des liens inaliénables avec les membres du troupeau.
Il comprit alors que ces créatures exceptionnelles avaient beaucoup à lui apprendre sur la vie, la loyauté et la liberté.
L'Homme qui murmurait à l'oreille des Éléphants est le récit captivant, drôle et émouvant de l'aventure vécue encore à ce jour par Lawrence Anthony auprès de ces animaux aussi impressionnants que sympathiques.

Retraçant la vie dans une réserve  Sud africaine, avec ses personnages hauts en couleurs et parfois ses drames, ce livre délicieux emportera tous les amoureux des animaux et de l'aventure dans un tourbillon d'émotions et de bonheur. 

L'auteur en quelques mots

Lawrence Anthony est un célèbre défenseur de la nature.
Il est le premier Sud-Africain à avoir reçu la médaille du Jour de la Terre, médaille précédemment remise à Al Gore. 

Il est membre du célèbre Club des Explorateurs de New York, ce qui se justifie par les nombreuses aventures qu'il a vécues, toujours au service des animaux. 
Lawrence Anthony est l'auteur de « L'Arche de Babylone, l'incroyable sauvetage du zoo de Bagdad » qui a reçu le prix 30 millions d'amis en 2010, livre qui avait enthousiasmé le jury composé d'écrivains célèbres (Irène Frain, Didier Van Cauwelaert, Robert Sabatier...) dans lequel il relate son aventure en Irak au moment de la guerre, où il sauva les animaux du zoo d'une mort certaine, au milieu de la guerre et du chaos.
Il a également co-écrit "Les derniers rhinocéros" avec Graham Spence (Ed. Les 3 Génies).
C'est donc un homme reconnu internationalement qui a fait l'objet de nombreux reportages sur des télévisions majeures (CNN, Trente Millions d'Amis). 


Livre traduit par Noëlle Septier-Saugout
Ré-édité aux Editions Trédaniel (9 avril 2019)
Contact www.laeo.fr

mardi 30 juillet 2019

Poules de réforme

En janvier 2019, 20 ans exactement après que Lawrence Anthony se voit offrir un troupeau de 7 éléphants traumatisés (récit décrit L'homme qui murmurait à l'oreille des éléphants), voilà que son équipe française se voit proposer une troupe de poules sauvées de l'abattoir.
Sachant que les poules pondeuses sont "recyclées" tous les 12/14 mois, soit une dizaine de milliards de poules par an, (chiffre basé sur la production d’œufs en France en 2018 du CNPO) et une centaine de milliards dans toute l'Europe, c'est une goutte d'eau dans la mer.
Pourquoi les poules qui peuvent vivre et pondre pendant plusieurs années sont-elles destinées à l'abattoir au bout d'un an ?
Tout simplement parce qu'elles deviennent moins productives : les usines à œufs les "épuisent" en laissant la lumière allumée jour et nuit de façon à ce qu'elles pondent en continu. Eh oui ! Une poule ne produit pas la nuit car la pondaison est due à la lumière.

 
Mini-boma

Échappant ainsi à une mort certaine, les poules arrivent au "mini-boma", le refuge de LAEO France qui accueille déjà chats et chiens errants, en quête de familles d'accueil, depuis sa création en 2005.
Sans y voir une quelconque relation entre ces deux espèces, les poules et les éléphants n'en sont pas moins des êtres vivants doués de sensibilité.


  Cependant, autant les éléphants sont un modèle de société dont l'homme a tout à apprendre sur le plan de l'altruisme, du sens de la famille, du respect réciproque et du don de communication qui, d'après Lawrence Anthony "laisserait Bill Gates bouche bée", autant les poules sont les reines de l'égoïsme.

Curieuse
Elles opèrent sur la règle du "chacun pour soi". Dès qu'on leur lance un peu de nourriture, elles se précipitent en se bousculant pour être servies les premières. Elles commencent par inspecter la nourriture et s'en détournent si une nouvelle ration leur est proposée. Pas question de laisser passer le meilleur bout de salade ou les morceaux de fruits qui leur sont proposés.

Dès qu'elles me voient arriver, elles se précipitent en voletant depuis le fond de l'enclos. "Ouac ! Ouac ! Ouac ! Oooooooooouh !" caquètent-elles en guise de salutation. "Bonjour, bonjour !" dis-je avant de leur lancer des friandises provenant du compost que j'éparpille pour qu'elles puissent toutes se servir sans se chamailler.

Je rentre alors dans l'enclos. Beaucoup d'entre elles viennent me voir et tournent autour de moi comme pour me remercier d'être venue leur apporter à manger.
Méfiante
Puis, comme si c'était la chose la plus importante au monde, elles vérifient en quelle matière sont mes chaussures et mes vêtements. A travers le tissu, je peux sentir leur petit bec me "picorer" gentiment. Leur façon à elles de rentrer en contact avec moi et de me dire : "Je sais que tu es là et que tu t'occupes de nous. Merci !".

Comme disait Lawrence Anthony, le regard est ce qu'il y a de plus important chez un animal."
La première fois que je suis restée à les observer pour les photographier, assise au milieu de cette abondance de plumes rousses et blanches, elles ont commencé par me jeter un coup d’œil méfiant.

Peu à peu, leur regard montrait une certaine curiosité vis-à-vis de mon appareil photo. L'une d'entre elle a même donné un petit coup de bec dans l'objectif, heureusement sans laisser de traces.

Ensuite, je vais récupérer leurs œufs.
Intéressée
Elles me suivent alors comme des petits chiens et, comme Lawrence disait en parlant des éléphants dans son sillage, j'ai l'impression d'être le Joueur de flûte du conte de Grimm qui emmènent les rats loin de la ville. Bien entendu, ces poules ne connaîtront jamais la fin tragique des rats de Hamelin.
Au contraire, elles reçoivent chacune un remerciement de ma part, ainsi qu'une caresse pour les plus tactiles ou les plus courageuses. L'une d'entre elles s'est tellement habituée à ma présence qu'elle me saute dans les bras dès que je rentre dans l'enclos. Elle me tend alors son cou que je lui masse doucement et ne rejoint ses congénères qu'une fois avoir paradé quelques précieuses minutes sur mon bras, fière de son statut de privilégiée.
Après avoir connu l'enfer des poulaillers industriels, le passé est loin derrière.

Tous les soirs, avant la tombée de la nuit, elles retournent dans le pondoir se mettre en sécurité. Pourtant, l'été, l'une d'entre elle reste sur le pas de la porte. Pourquoi ? Est-elle bloquée par les autres qui ont tendance à se coucher devant juste devant l'entrée afin d'être les premières à sortir au petit matin ? Ou préfère-t-elle profiter encore un peu de la fraîcheur de la soirée ?
Quoi qu'il en soit, une fois la porte coulissante fermée grâce à un système de déclenchement automatique, les retardataires en sont quittes pour dormir dehors.
C'est alors qu'intervient LAEO. Vers 22h30, une bénévole vient vérifier si tout le monde est bien rentré, et la retardataire est tenue de rentrer dans le pondoir.

Carotte, le coq gaulois
Un jour, alors que j'allais chercher les œufs, j'aperçus une tache blanche au milieu de l'enclos, loin de la troupe. L'air hagard, ce petit coq Leghorn tournait en rond d'un pas rapide. Il cherchait une voie de sortie.
Dès qu'il s'approchait des gallinacés, le coq en second (celui qui a pris la relève de Carotte, le magnifique coq gaulois qui devait son nom à la couleur orange de son plumage) l'agressait sans scrupule.
Chasse gardée ! Personne n'est autorisé à s'approcher du harem de Domino à moins de 10 mètres.

Le fameux Domino, un coq wyandotte, doit aussi son nom à la couleur de ses plumes. Noir et blanc avec une belle crête rouge et des pattes jaunes paille, il règne sur sa troupe qu'il défend tant bien que mal à cause de sa petite taille. Offert par un voisin, il était arrivé avec sa compagne, une jolie petite poule gris cendré, qui ne le quitte jamais... sauf quand elle fait une grossesse nerveuse.

Domino, le coq wyandotte
Dans ce cas, elle squatte le pondoir pendant plusieurs jours, pour couver son œuf ou celui des autres, empêchant les autres poules d'accéder au pondoir. Elle est elle-même incapable de pondre pendant cette période où elle attend, en vain, l'éclosion de son œuf. Or, la théorie de LAEO est de ne pas avoir de nouveaux-nés.

Tout comme les chiens ou les chats abandonnés, il y a trop d'animaux qui ont besoin d'une famille d'accueil, et qui se retrouvent dans les refuges, pour donner naissance à de nouveaux animaux qui prendraient la place de ceux qui ont besoin d'être secourus.

Elle est alors "mise en quarantaine" trois ou quatre jours jusqu'à ce que cette lubie lui passe. Elle revient alors auprès de son cher et tendre qui l'accueille avec tout l'amour dont est capable un coq pour sa compagne. Elle se remet alors à pondre normalement.

Pour en revenir à Bianco, le nouveau petit coq, je le trouvais le soir-même à la porte du pondoir. Il n'avait pas osé rentrer. Une fois toutes les poules endormies, je le portai à l'intérieur et décidai de rester pour voir s'il ne serait pas agressé.

Bianco, l'âme en peine
Aucun risque. La nuit agit comme un somnifère sur les gallinacés. C'est à ce moment-là qu'il faut introduire les nouveaux venus. Il s'endort aussitôt au milieu des autres. Pas de présentations avant le lendemain matin, dans l'enclos.

Ne se sentant pas intégré dans l'équipe de Domino, même après avoir dormi dans leur pondoir, il finit par se lasser de leur animosité.

A force de passer la tête dans tous les trous du grillages, il trouva une brèche et prit le chemin de son ancien poulailler. Alors qu'il n'avait pas émis un son durant toute sa détention, il se mit alors à chanter. Cocorico ! Cocorico ! En appelant ses anciens congénères à gorge déployée, sa joie crevait les yeux. Son propriétaire le retrouva près de chez lui et, malgré un espace réduit et plus de poules au mètre carré, il fut heureux de rentrer chez lui.

Oeuf pondu sous mon objectif
Non, je ne suis pas La femme qui parlait à l'oreille des poules (ou alors tout le monde peut l'être car il est facile de sympathiser avec elles), mais j'ai découvert que le monde de ces oiseaux est un univers fascinant. Il conforte mon idée de ne pas les traiter comme de la vulgaire volaille, sans aucun respect pour elles malgré tous les avantages qu'elles procurent.

L'homme étant omnivore, il peut manger de tout, certes. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas s'en tenir aux œufs (de ses propres poules, pas d'élevage), aux céréales et aux légumes ?
Un geste qui permettrait à la fois de respecter le bien-être des animaux et de limiter les émissions de  CO².

Noëlle Septier-Saugout
Présidente de LAEO France
Directrice bénévole de LAEO Europe
www.laeo.fr