mercredi 6 mai 2020

Soif de sang

Devise de Lawrence Anthony, fondateur de LAEO   

 

Pourquoi la chasse est-elle encore au goût du jour alors qu'elle n'est plus nécessaire à notre subsistance ?

Voilà le thème qui me fait reprendre la plume pendant cette période de confinement, celle pendant laquelle nous ne sommes pas sensés sortir autrement que pour des besoins impérieux à cause d'un minuscule microbe très contagieux appelé "Corona Virus".
Pourtant, les chasseurs font l'impasse.
Les coups de fusil,  audibles dans certaines forêts, notamment dans les Hauts-de-France et le sud de la France, en témoignent, et ils n'hésitent pas à abattre des animaux, dont deux louves pleines dans la Drôme. Comment peut-on se montrer aussi cruel ?

Eh bien, voici le résultat de mes réflexions, qui aurait sans nul doute été salué par  Émile Zola, Victor Hugo, Lamartine et tant d'autres végétariens, n'en déplaise à certains.
Ces gens-là agissent sous le coup d'une impulsion, une sorte de stimulus-réponse, qui les pousse à obéir à des consignes profondément ancrées en eux.
Cet élan spontané agit, telle une pulsion irrésistible. Ils doivent alors le justifier en se qualifiant de "premiers écologistes de France", ou en évoquant la régulation des espèces et l'amour de la nature.
Il ne s'agit en fait que d'une soif de contrôle, de pouvoir, d'un droit de vie et de mort sur les animaux, d'un besoin sanguinaire tout à fait blâmable si l'on considère que tout être vivant est une âme, un souffle de vie.


Ces gens sont un exemple vivant du behaviorisme en étant conditionnés par des mécanismes réagissant à un stimulus donné, ou à cause d'interactions passées avec leur environnement. D'une façon générale, ces pauvres hères deviennent alors anxieux. Ils doivent se mettre en action comme si leur propre vie en dépendait. Ils attrapent leur fusil et se transforment en une sorte de robot programmé pour tuer.

"Le chasseur est un assassin. Il commet un sacrilège. Tuer pour jouir, non !", écrivait Victor Hugo, et personne ne l'a poursuivi pour calomnie, diffamation ou injure, comme on peut le voir aujourd'hui.

Ce n'est qu'après avoir atteint leur cible qu'ils éprouvent un sentiment de soulagement et que leur soif de sang est apaisée. L'idée d'aller dépecer l'animal et de s'en mettre plein la panse occupe toutes leurs pensées, mais une fois rassasiés et reposés, ils ressentiront à nouveau le désir de mettre un terme à la vie d'une autre bête innocente.
Voilà pourquoi cette activité perdure et n'est pas prête de s'arrêter. Pour preuve, leur demande de réouverture des battues au mois de juin au lieu de la mi-août.

Lawrence Anthony, le fondateur d'Earth Organization, a donné son point de vue à ce sujet dans sa biographie intitulée "L'homme qui murmurait à l'oreille des éléphants" :

Lawrence Anthony


La chasse pour se nourrir ne m'a jamais posé de problème (...) mais chasser pour le plaisir, tuer uniquement pour les sensations que cela procure est un acte condamnable.
J'ai rencontré de nombreux chasseurs de trophées. 
Ils se présentent tous comme d'ardents défenseurs de la nature. 
Ils justifient leurs actes en prétendant agir pour la préservation de la biodiversité.
En vérité, ils cachent une impulsion à tuer qui doit être assouvie par la mort violente d'une autre forme de vie. 
Ils sont prêts à tout pour satisfaire cette pulsion et deviennent très inventifs pour la rendre légitime.
Pour ajouter à l'absurdité de leurs argumentations, il n'existe aucun animal capable de rivaliser un tant soit peu avec l'armement actuel. 
Le puissant fusil de chasse à lunette de visée sape tous les arguments relatifs au côté sportif de la chasse.

Ses propos, qui font écho aux miens, me confortent dans mon envie de rester son porte-parole, comme je le suis déjà depuis 2005, il y a maintenant 15 ans.

Noëlle Saugout, fondatrice de LAEO, L'Association d’Écologie coOpérative.